Confusion

Spock marchait de long en large sur la passerelle. Il aurait été complètement illogique de dire qu’il se sentait nerveux. Non, il se demandait simplement pour quelle raison le Capitaine tardait tant à revenir sur le vaisseau.

62 heures 38 minutes et 34 secondes.

62heures 38 minutes et 46 secondes.

62 heures et 39 minutes…

- Allons Spock, il va bientôt arriver, si je ne vous connaissez pas je dirais que vous êtes… impatient ?

McCoy le scrutait avec attention. Spock s’arrêta net en se redressant. Il ne l’avait pas entendu arriver. Quelle faute impardonnable. Il devait se reprendre.

- Docteur, le Capitaine ne devait s’absenter que deux jours, et voici 62 heures et 42 minutes qu’il est sur cette planète.

- Il nous a prévenus qu’il aurait un peu de retard. Cessez de vous inquiétez Spock. Les habitants de cette planète sont pacifiques, il ne coure aucun danger.

Spock se raidit davantage. Ces humains rapportaient toujours tout aux émotions. Même un scientifique comme le docteur s’y laissait prendre.

- Je ne m’inquiète pas Docteur. Mais je me demande logiquement ce qui le retarde sur cette planète. Je ne fais que mon devoir en me posant certaines questions. Et je ne suis pas impatient.

- Bien évidemment M. Spock.

McCoy lui sourit d’un air qu’il n’aimait pas du tout, avant de repartir d’où il était venu.
Comme s’il pouvait lire au fond de lui.
Lui-même ne comprenait pas vraiment ce qui lui arrivait lorsqu’il était auprès de Jim. Après tout, cela devait être rationnel.
Il appréciait les qualités de Jim en tant que Capitaine, personne n’aurait gouverné l’Enterprise mieux que cet humain. Ils s’étaient jusqu’à présent complétés à merveille dans chacune des missions effectuées.
Cette étrange sensation qu’il ressentait au creux de ses entrailles dès que son supérieur passait à proximité résultait certainement d’un comportement logique. De l’admiration bien certainement. Oui c’était cela. Uniquement cela.

Il refit quelques pas de long en large, cherchant quel type de relation requérait un tel engouement. Bien que ce mot lui semblait beaucoup trop poussé dans son cas. Une curiosité naturelle semblait plus justifiée pour cerner ce qu’il ressentait envers Jim. Oui voilà, une simple curiosité !

63 heures…

Il ne pouvait pas abandonner le vaisseau, sinon il se serait déjà téléporté sur cette fichue planète. Une stupeur l’envahit. Comment pouvait-il raisonner de la sorte ? À force de côtoyer ces humains, ce côté qu’il essayait tant de repousser avait tendance à vouloir prendre le dessus. Ce n’était pas bon.
Un bruit de pas familier se fit entendre, et il tourna promptement les talons.

- Capitaine ?

Jim marchait d'un bon pas, rouspétant après le représentant de cette planète qui avait tenu absolument à lui faire connaitre un rituel bien à eux. Résultat: le Capitaine , après avoir bu une mixture, certes délicieuse, s'était réveillé allongé dans une chambre spacieuse et confortable.
Une jeune et belle femme, qui en référant à son uniforme, devait être une infirmière, lui avait souri et dit que le jeune homme avait eu ce qui ressemblait à une gueule de bois!
Jim avait bien tous les symptômes rappelant tous les lendemains difficiles dus à une beuverie en règle! Mais sa sonsternation la plus grande était lorsqu'il avait appris qu'il avait"dormi" plus que de raison!
Malgré les protestations de l'infirmière, Jim s'était relevé et avait tenté tant bien que mal de rentrer en communication avec son équipage.
Dieu! L'Enterprise! Son estomac s'était noué à l'idée de l'inquiètude que son équipage avait du ressentir sans nouvelles de leur capitaine! Car, bien entendu, l'idée de prévenir son vaisseau, surtout sonn premier officier, de la bonne santé de leur hôte n'était pas venue à l'esprit ce peuple si pacifique!
Jim avait contacté immmédiatement Scotty et lui avait ordonné de le téléporter à bord de l'Enterprise, sans autre précision. Du coups, Spock n'avait pas été prévenu de son arrivée à bord.
-Capitaine!
Jim s'arrêta à quelque pas de son premier officier qui le dévisageait stoïque et droit comme à son habitude et, pourtant, une expression fugitive, dans ses yeux de Vulcain si impassible, l'interpella.
Une expression qui fit décoller le jeune et séduisant Capitaine du monde réel et naître des petits papillons qui, traitreusement, se mirent à voleter dans son estomac... Sensation des plus exquices mais qui demandait une plus profonde réflexion.

Le haussement de sourcil si connu et si célèbre fit revenir à lui James Tibérius Kirk et ce dernier se décida à afficher un immense sourire:
-Désolé de ne pas vous avoir de nouvelles de ma part! fit-il, avec un ton enjoué. J'ai du succombé à une de leur étrange boisson rituelle de bienvenue! Je suis réveillé avec une jeune et belle femme à mes côtés!
Une lueur étrange passa dans les yeux si inexpressifs du Vulcain qui eut une réaction tout à fait illogique et innatendue:
Il gifla Jim et s'en alla vivmeent dans les couloirs du vaisseau.
Sans un mot, sans une explication.
Jim, massant sa joue endolorie, était resté pantois, choqué. Jamais Spock n'avait levé la main sur lui ! Jamais le
Vulcain n' avait transgressé les limites de la hierarchie, malgré leur amitié naissante!

"--Désolé de ne pas vous avoir de nouvelles de ma part! fit-il, avec un ton enjoué. J'ai du succombé à une de leur étrange boisson rituelle de bienvenue! Je suis réveillé avec une jeune et belle femme à mes côtés!"

Le sang de Spock ne fait qu'un tour à cette phrase. Sa main atteignit la joue de Jim avant même qu'il ait eu le temps d'analyser ce qu'il faisait.

Il tourna les talons, sous les yeux exorbités de Sulu et Chekov, se précipita hors de la passerelle alors que mille questions et sentiments s'entremêlaient dans son esprit.

McCoy tenta de l'arrêter mais il le repoussa avec fermeté.

Comment avait-il osé agir de la sorte ? Qu'est-ce qui avait bien pu l'amener à réagir ainsi ? Il n'avait jamais ressenti une telle colère. Un instant, il avait cru les effets du Pon Farr complètement revenu. Mais c'était impossible et illogique, tout avait cessé à l'instant où il avait cru son capitaine mort. Cela ne pouvait pas revenir !

Revoir Jim l'avait à la fois intensément soulagé, mais l'inconfort de ne pas savoir ce qu'il lui était advenu jusque là s'était transformé en une intense colère imprévisible, irrationnelle !

Il avait osé gifler son capitaine, son supérieur, et ce devant tout le monde.
Heureusement, seules 4 personnes se trouvaient avec eux sur la passerelle, mais il avait infligé une humiliation sans pareil à l'homme qu'il respectait depuis toutes ces années...

Il entra dans l'ascenseur qui se referma derrière lui, et se dit qu'il n'avait plus qu'une chose à faire...
Aller dans ses appartements rédiger sa lettre de démission plutôt qu'attendre les foudres de son capitaine.
Il sentit la honte monter en lui. Lui qui avait réussi jusque là à toujours contenir ses sentiments, en bon vulcain. Tout s'effondrait autour de lui. Peut-être qu'à trop contenir le côté humain qui n'avait de cesse d'essayer de reprendre le dessus, il avait fini par exploser au grand jour.

Pour la première fois de sa vie, Spock avait laissé éclater au grand jour un comportement totalement illogique, inapproprié et honteux, non seulement en tant que que vulcain, mais également en tant qu'officier. Il n'avait plus sa place ici, ni ailleurs.

Il devait retourner sur vulcain.

Jim, encore ahuri par le geste de son second, fixait les couloirs, la joue endolorie. Il vit Mac Coy accourir à son encontre et ce fut àla voix du docteur qu'il sortit enfin de sa léthargie.
Mais enfin, quelle mouche avait pu piquer Spock? Jim plissa des yeux, livide soudain: Ne serait-ce point le Pon Farr qui repoiontait le bout der son nez?
Le capitaine se rembrunit, ne comprenant pas pourquoi son esprit luttait farouchement contre cette probabilité: Pon Farr signifiait retour à Vulcain, mais surtout, accouplement avec une ...femelle Vulcaine!
Et, cela,Jim, ne parvenait pas à l'intégrer dans son avenir proche! D'ailleurs, un sentiment proche de la possessivité envers son "Spock" commença à surgir en Kirk qui s'en étonna le premier!
Depuis quand, Spock était devenu son "Spock"?
-Jim! Vous m'inquiètez! ça va? fit la voix anxieuse de Bones qui parvint miraculeusement aux oreilles de Kirk.
Ce dernier revint sur Terre ou sur l'Enterprise et prit conscience du silence et des regards de son équipage sur sa personne.
Tous attendaient la réaction de leur Capitaine et de sa dignité malemenée. Jim, un peu perdu et hagard, toussota légèrement pour reprendre contenance et d'une voix ferme:
-Zulu! reprenons la direction de notre chez-nous!
-Très bien, mon Capitaine!
Pendant que Zulu éffectuait les mannoeuvres nécessaires, Jim se tourna vers Mac Coy et ce qu'il put voir dans les yeux de son ami lui fit regretter sa décision.
Mac Coy le dévisageait de son regard perçant et perspiscace, mettant l'âme de Kirk à nue et secoua la tête:
-Vous êtes tous les des têtes de mule et des gamins! Allez lui parler!
Jim ouvrit la bouche, prêt à le recadrer lorsqu'il comprit le sens des mots de Mac Coy. Il pâlit et se jeta soudainement à travers les couloirs du vaisseau!
Comment avait-il pu ne pas y songer avant? Jim se targuait de connaitre le Vulcain un peu mieux que les autres et c'est Mac Coy qui lui donnait la clé de l'énigme!
Jim se maudit intérieurement devant les quartiers de son second et essouflé, prit une minute pour reprendre son souffle et réfléchir.
-Spock! Appela-t-il, debout devant la porte hermétiquement close de son second.
Il n'hésita pas. Il fit son code et entra.La cabine était plongée dans une obcurité profonde et il fallut une minute à Jim pour deviner que la forme recroquevillée sur elle-même était celle de son meilleur ami!
Puis, il entendit une chose qu'il n'aurait jamais pu entendre : Des sanglots!
N'écoutant que son instinct, Jim se rua vers son ami et l'entoura de ses bras:
-Spock!...