Frisson part. 8 (Selek/Syhta)

Jim inspira profondément, luttant contre l'angoisse qu'il éprouvait pour spock, mais ne voulant pas lui laisser la sentir. Il n'avait pas vraiment l'air d'aller mieux, et il craignait que ce ne soit qu'un passage à vide avant une nouvelle crise. Même si son amant semblait avoir une solution de secours s'il ne retrouvait pas son calme, mais l'humain commençait à connaitre suffisamment le vulcain pour savoir que ça pouvait bien être une solution radicale :
- qu'est ce que le Kolinahr?

Spock ne se laissa pas désarçonner par la question de son amant, qu'il avait anticipée. Suffisamment pour trouver une réponse qui lui conviendrait, et qui le faisait pas mentir. Il toucha ses doigts des siens, les yeux baissés sur leurs mains.
- Le kolinahr est un vieux rituel de mon peuple. Il permet, en quelque sorte, par des exercices de méditation, de renforcer les barrières mentales. Beaucoup de Vulcains le pratiquent afin de trouver une sérénité d'esprit nécessaire, et j'avais déjà formulé le voeu de l'accomplir, alors que j'avais dix-huit ans. Pour cela, il faudrait que nous allions sur la Nouvelle Vulcain.

Jim n'étais pas vraiment convaincu par la réponse. si c'était quelque chose de si commun, pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt ? Les vulcains ne mentent pas n'est ce pas...? Mais ils sont très doués pour dire les choses à la manière qui les arrange... l'inquiétude qu'il éprouvait ne fit qu'augmenter, ses doigts se crispèrent légèrement et son estomac se noua. Il prit le temps de respirer, contrôler son esprit pour ne rien laisser filtrer, préférant ne pas parler tant qu'il ne serait pas certain d'être capable de parler d'une voix normale. Quand il reprit son ton était presque normal :
- le temps de demander l'autorisation de dévier de notre course actuelle, et de se diriger vers la Nouvelle Vulcain il nous faudra compter un peu de temps... Mais je suppose que je peux faire la demande à Starfleet demain quand je serais officiellement de retour à mon poste.
Et peut être qu'entre temps il pourrait chercher plus d'information sur le kolinahr...

HP : Mouarf, pauvre Jim !


- Merci, Jim. Le kolinahr étant un rituel long, il se peut que Starfleet te demande de seulement me déposer sur la planète. Certains Vulcains le terminent en plusieurs semaines, pour d'autres, cela peut prendre plus d'un an. J'aimerais que tu l'acceptes et que tu sois patient.
Spock ne releva pas les yeux, incertain quant au fait qu'il parviendrait à tenir son regard sans le détourner, et préféra le conserver fixé sur leurs mains. Il bloqua toute pensée en rapport avec la fameuse pratique, ne souhaitant pas que Kirk sache qu'à terme, il ne ressentirait plus aucune émotion, car il savait d'avance que son compagnon l'empêcherait d'y aller. Mais en l'état actuel des choses, il ne se sentait pas capable de reprendre ses fonctions. Il se trouvait bien trop émotionnel, et cela le dérangeait fortement.

HP : oui X'D

Un an?! Cette fois-ci Jim paniqua pour de bon, se sentant presque nauséeux et incapable de le cacher plus longtemps. Spock n'était pas sérieux?! ça ne pouvait pas prendre autant de temps! Qu'est ce que c'était que ce rituel pour que ce soit si long? Si le vulcain refusait de lui répondre, l'humain trouverait quelqu'un d'autre pour sûr... Peut être Bones, Uhura, l'autre Spock, ou même Sarek s'il le fallait!
Il se recroquevilla en partie sur lui-même, s'écartant légèrement. Il avait besoin d'air, là tout de suite! Ils venaient à peine de... de commencer leur vie ensemble et son compagnon voulait partir comme ça, sans savoir pour combien de temps? Et il oubliait qu'il était aussi son commandant de bord! Il avait besoin du vulcain à ses cotés dans leur travail...
Passant une main sur son visage, il prit plusieurs inspirations profondes pour se calmer, décidant que pour l'instant il devait l'accepter. Du moins jusqu'à ce qu'il sache la vérité sur cette histoire.
- ok... je suppose que si ça prend tellement de temps, je ferais aussi bien de demander l'autorisation de suite... je suis sur que ça ne posera pas de problème. Je reviens...
Il se leva lentement sentant ses jambes étrangement faibles, sûrement le contre coup de sa crise d'angoisse, et se dirigea vers la porte :
- et Spock...
Il ouvrit la porte avant de se retourner vers son amant :
- vulcain ou pas vulcain ça arrive de ne pas réussir quelque chose du premier coup... Avant de te dire que tu n'y arrivera pas... tu devrais peut être prendre un peu plus de temps pour essayer... Ou demander conseil à quelqu'un de plus expérimenté... Il n'y a aucune honte à demander de l'aide quand il le faut... même les vulcains le savent...
Il sortit de la cabine et s'éloigna de quelques mètres, puis quand il entendit la porte se refermer, il s'arrêta et s'appuya contre le mur du couloir. Il avait mal au coeur dans tous les sens du terme et il se sentait à peu près aussi désespéré que lorsqu'il avait cru perdre Spock pour toujours, la veille...

Il y a des choses que l'on sait, songea-t-il pour lui-même. Des certitudes. Mes barrières mentales ont été beaucoup trop sollicitées pendant le pon farr, et je sais qu'elles ne se restructuront pas. Déjà, j'aurais dû mourir, il me restait tellement peu de temps quand... J'aurais dû le mettre en garde, lui dire que plus le pon farr est achevé proche du dixième jour, plus les séquelles seront grandes et difficiles à réparer. Mon seul moyen de guérir est de terminer le kolinahr, quitte à être libéré de toute émotion.
Le Vulcain réfléchit ainsi pendant de longues minutes. Il savait que son amant était troublé et en colère, car il le sentait. Il pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert, et il vit sa volonté de se renseigner sur le rituel. Avant que le jeune capitaine n'aille se renseigner auprès du lieutenant Uhura, il l'appela dans sa cabine, sachant qu'elle venait de finir son quart.
- Spock ?
- Je ne te dérange pas ?
- Non, non. Dis-moi.
- J'ai une requête à formuler. Si J... si le Capitaine vient t'interroger à propos du kolinahr, je souhaiterais que tu ne lui dises rien. Il ne doit pas savoir quels sont les résultats.
La jeune femme eut une expression outrée.
- Tu comptes le faire et le lui cacher ?! Spock ! Tu ne peux pas faire ça !
Le Vulcain soupira, puis eut un petit rire sarcastique.
- Je ne me reconnais plus, Nyota. J'ai besoin du kolinahr. Je dois purger toutes ces émotions humaines néfastes. Je compte sur toi. Spock, terminé.
Il raccrocha, les mâchoires serrées. Il se doutait qu'elle réagirait de cette façon, car elle était encore amoureuse de lui, il le savait. Pourtant, il espérait qu'elle ne trahirait pas sa confiance.
La personne la plus importante étant à présent avertie, il restait le médecin de bord, qu'il appela directement.
- Que puis-je faire pour vous, Commandeur ? A part un contrôle médical.
- Docteur, j'aimerais savoir ce que vous savez du kolinahr.
McCoy fronça les sourcils, fouillant dans sa mémoire, puis il secoua négativement la tête.
- Très peu de choses, je ne suis pas spécialisé en culture vulcaine.
- Cela me va. Je vous remercie.
Il coupa également la conversation, satisfait. Il connaissait Jim, il était facile de supposer qu'il viendrait leur poser des questions, à tous les deux. Mais si Uhura tenait sa langue, le jeune capitaine n'aurait plus qu'à interroger l'ordinateur...
Spock se redressa soudain, puis fila à son bureau. Grâce à ses codes d'autorisation, il parvint à accéder à la banque de données, et, ayant des compétences en codage informatique, s'adonna à effacer toute trace du kolinahr de la bibliothèque. Jim ne devait pas savoir.

Après avoir prit quelques minutes pour se calmer, Jim était plus déterminé que jamais à savoir ce qui se passait. Il commença par l'endroit qui lui paraissait le plus naturel, l'infirmerie :
- Bones!
- quoi?! vous êtes tous timbré ces derniers temps ou quoi?! Tu pars, tu reviens, l'autre gobelin là qui...
- Bones tu sais ce que c'est le kolinahr?
- hein? Qu'est ce que tu me veux avec ça toi aussi ? Non je ne sais pas ce que c'est... a part que c'est un rituel vulcain mais je n'en sais pas plus...
- tu es sur? Vérifie la baque de donnée de l'ordinateur, tes bouquins médicaux, je ne sais pas moi!
- ok, Jim tu vas te calmer et respirer un bon coup. Sinon je te calme moi-même mais tu ne vas pas apprécier.
- je ne veux pas me calmer Bones, je veux savoir ce que c'est que le kolinahr!
- je n'en sais rien Jim... Si vous n'êtes pas trop en froid avec Uhura, demande lui... je peux savoir ce qui se passe?
Le capitaine était déjà en route vers le sortie quand il répondit :
- je n'en sais rien justement!
il quitta l'infirmerie à grands pas, retournant vers les quartiers de l'équipage. Bones n'était pas certain de ce qui se tramait mais ça ne lui plaisait pas...

Uhura savait des tas de choses sur la culture vulcaine, elle devait forcément connaître ça non ?
Quand Jim arriva devant sa cabine il prit le temps de se calmer, un peu gêné de venir demander quelque chose à la jeune femme quand la veille il lui avait plus ou moins volé son petit ami. Mais il passa outre sa gêne et sonna. Après quelques minutes la porte s'ouvrit sur la jeune femme qui n'avait pas l'air ravi de le voir. Il songea que c'était plutôt compréhensible, ignorant qu'elle avait surtout espéré qu'il ne vienne pas pour ne pas avoir à mentir. Qu'est ce qui pouvait bien passer par la tête de Spock pour envisager le Kolinahr sans en parler à Jim ? Mais le vulcain lui faisait confiance elle le savait... Elle espérait seulement qu'il changerait d'avis et finirait par parler à Jim :
- je peux faire quelque chose pour vous capitaine ?
- Uhura, je suis désolé de passer mais... J'ai besoin de savoir... Est ce que vous connaissez un rituel vulcain appelé Kolinahr ?
Elle hésita une fraction de seconde avant de répondre :
- non capitaine. Je sais qu'il s'agit d'un rituel ancien, mais les vulcains sont très secrets en ce qui concerne ce genre de chose, je n'en sais pas plus que ça.
- vous êtes sure que...
- capitaine, pourquoi ne pas demander à Spock ?
- je l'ai fait... désolé, je vais vous laisser... navré...
Il s'éloigna presque aussitôt et la jeune femme ne put s'empêcher de se sentir coupable. Le capitaine semblait aussi perdu qu'elle hier, quand Spock lui avait subitement annoncé qu'elle ne lui était pas destiné. Elle n'approuvait pas la décision du vulcain, mais elle le connaissait trop bien pour savoir que lui faire la morale ne servirait à rien.

Commençant à désespérer Jim s'en alla dans ses quartiers, et alla directement allumer l'ordinateur du bureau. Il s'assit et lança la recherche. Il devait bien y avoir quelque chose pas vrai?!

Le Vulcain était concentré sur sa tâche, pianotant sur le clavier tactile pour accéder aux archives de la bibliothèque. Il devait retrouver le fichier contenant les informations sur le kolinahr afin de les effacer. Supprimer le fichier entier serait trop suspect, il devait seulement enlever les mentions ou les allusions à ce rituel. Ensuite il serait tranquille, et il n'aurait plus qu'à maîtriser Jim, en plus de ses propres émotions, ce qui ne s’avérerait pas simple.
Une petite encoche lumineuse apparut sur son écran, signalant que la fiche concernant les rituels vulcains, tels que le koon-ut-kal-if-fee, était en train d'être consultée. Il accéléra alors le mouvement, enlevant en priorité ce qui était le plus important, à savoir le but recherché pour les personnes désirant le pratiquer : la mort de toute émotion.
Au bout d'un moment, il souffla de soulagement. Il avait terminé. Il avait retiré toutes les informations concernant le kolinahr, ou du moins celles qu'il avait pu trouver dans le temps qui lui était imparti. Tranquillisé, il se leva en éteignant l'ordinateur et se dirigea vers son lit pour le refaire, puis s'y allonger, les mains croisées sur le torse.

Tandis que les résultats défilaient Jim se sentit incapable de rester sur place, et commença à faire les cents pas dans ses quartiers. Finalement un son lui indiqua que la recherche était terminée. Il se précipita à son bureau et se rassit avant de consulter les résultat. Pour rien... Tout ce qu'il trouva c'est qu'il s'agissait effectivement d'un rituel vulcain... soit l'équivalent de ce que tout le monde lui avait déjà dit. un profond désespoir l'envahit, il posa ses bras sur la table et appuya son front contre ses bras. Rien... juste rien de rien... Et pourtant il n'était pas fou, il savait très bien qu'il y avait quelque chose... Pourquoi Spock ne voulait pas lui dire la vérité...? Ils étaient censé se faire confiance... Bon sang ils étaient lié à vie et déjà le vulcain commençait à lui cacher des choses?!

Jim se releva pour aller sur son lit, s'y assit, appuyé contre la tête de lit et se recroquevilla, cachant sa tête dans ses bras. Il se sentait trahit comme jamais il ne l'avait été... ou plutôt si... il se souvenait très bien la dernière fois qu'il avait ressentit ça... le jour où sa mère était partit... Ce jour là où il s'était juré de ne plus jamais se faire avoir, de ne plus croire personne, de ne jamais s'engager dans une relation sérieuse... Mais il avait confiance en Spock... pourquoi son compagnon ne lui disait pas la vérité...? Qu'est ce qu'il avait fait pour que celui-ci refuse de lui accorder sa confiance...?
Il sentit les larmes lui piquer les yeux et lutta pour les repousser, se mordant la lèvre pour retenir un sanglot.
- Merde... Spock qu'est ce que tu veux au juste...? Qu'est ce que tu cherches ?! Pourquoi tu ne veux pas me parler... ?
Parler à haute voix n'allait pas l'aider mais il deviendrait fou sinon... Que devait il faire...? Refuser à Spock le droit d'aller sur la Nouvelle Vulcain...? Nouvelle vulcain...
Une idée jaillit dans l'esprit de Jim. Il se précipita à son bureau et contacta la passerelle. Sulu qui était momentanément en charge répondit :
- qu'est ce que je peux faire pour vous capitaine ?
- Sulu, contact la Nouvelle vulcain, immédiatement.
- monsieur?
- fais le! Demande à parler à l'ambassadeur Sarek ou à Spock... pas notre Spock, l'autre. et tu passe la communication directement dans mes quartiers.
- bien monsieur!
Sulu donna ses ordres, et l'officier des communications commença à lancer l'appel. mais ils n'étaient pas a proximité de la Nouvelle Vulcain, ça risquait de prendre un peu de temps... Mais tant pis, c'était son dernier espoir...

Spock avait suivi la moindre des réflexions de son amant, et il s'en voulait de lui faire souffrir. Selon lui, parvenir à terminer le kolinahr ne changerait rien entre eux, puisque Jim n'était pas amoureux du Spock actuel, émotionnel et instable. Il aimait sa logique, sa science et sa droiture. De ce fait, le rituel ne les éloignerait pas. S'il cherchait à lui cacher ce qu'il adviendrait de ses émotions, c'est parce qu'il devinait, connaissant Jim, que celui-ci refuserait de le laisser partir. Pourtant, il en avait tellement besoin, il aurait aimé qu'il le comprenne.
Le Vulcain resta allongé sur son lit, écoutant chaque pensée de son compagnon. Il se raidit. Il avait oublié de prévenir son homologue et son père. Encore une preuve que son esprit logique vacillait et qu'il commençait à s'effondrer.

Après quelques minutes, Sulu appela le Capitaine dans ses quartiers et lui transmis la communication avec Spock Prime.
- Bonjour, Jim. Que puis-je faire pour vous ?

Quand Jim reçu l'appel, il sentit un soulagement sans pareil l'envahir, ayant enfin un peu d'espoir de comprendre ce qui se passait. D'autant plus avec Spock prime qui serait sûrement le mieux placé pour savoir ce qui passait par l'esprit de son jeune autre lui-même. Jim se redressa donc dans sa chaise, essuya rapidement une larme qui avait coulée sur sa joue, trace du désespoir qui l'avait envahit en attendant l'appel et un pâle sourire flotta sur ses lèvres :
- bonjour Spock... pardon de vous déranger à l'heure qu'il est, je ne sais même pas s'il fait jour ou nuit chez vous... mais j'ai vraiment besoin d'aide, et vous êtes mon dernier espoir... Je... Spock, mon Spock, ne va pas bien du tout, et je ne sais pas quoi faire et lui ne m'aide pas...
Il soupira tristement, posa les coudes au bord du bureau et posa son menton dans ses mains :
- il y a... 10... oui 10 jours de ça, Spock a eu son premier Pon farr dans des circonstances... disons compliquées... Et ce n'est que le 9ème jour, après que j'ai failli le perdre pour de bon, qu'il a fini par... euh... par accepter de me prendre comme compagnon...
Il se sentit vaguement gêné de parler de ça, sachant bien ce que sous entendait sa phrase, mais après tout Spock prime avait bien dû en passer par là aussi...

Le visage ridé du Vulcain était apparu sur l'écran. Son regard était sage et enflammé d'intelligence et ses expressions, infimes et typiquement vulcaines, lui donnaient une apparence noble et distinguée. Il écouta attentivement son jeune ami, puis sa voix grave et rocailleuse se fit désincarnée par l'ordinateur de communication.
- Avant que tu ne continues, Jim, j'aimerais que tu prennes conscience que le pon farr peut avoir de très lourds effets sur l'esprit vulcain. Plus la libération s'effectue tard, plus il a été endommagé, et plus les réparations peuvent prendre de temps. Si tu as l'impression que ton Spock agit de façon étrange, ce doit être uniquement à cause de cela. Mais continue donc, je t'écoute.
Il n'avait pas relevé le fait que le capitaine avait avoué à demi-mots qu'ils avaient partagé plus qu'un baiser, car cela lui semblait naturel. De son côté, bien longtemps avant, quand il était lui-même de service sur l'Enterprise, il avait une très forte relation avec son Jim Kirk. Bien entendu, et c'était là que différaient les réalités, ce n'était pas grâce au pon farr qu'ils s'étaient retrouvés, mais bien plus tard. Spock Prime avait donc une idée de ce que pouvait ressentir son double, sans en être certain.

- il m'en a un pee parlé oui, mais il n'explique jamais tout clairement...
L'humain secoua la tête et se reprit. Se plaindre n'allait pas aider, il fallait qu'il soit clair et concis :
- Aujourd'hui il essayait de méditer, mais ça n'a pas marché... Ses pensées tournaient autour de sa mère, pour ce que j'ai pu en sentir, et il était triste, en colère... ce qui serait normal pour un humain mais pas pour lui... enfin, c'est ce qu'il en dit, mais perdre sa mère c'est un traumatisme, quoi qu'on en dise... bref... on en a parlé un peu et il m'a dit que pour retrouver ses barrières mentales il voulait effectuer le rituel du kolinahr... D'après ce qu'il dit c'est un rituel "banal" mais j'ai eu une sorte de... pressentiment pour ainsi dire... le genre qui me fait penser qu'il ne dit pas toute la vérité... et puis quel rituel banal peut durer plus d'un an...? J'ai interrogé Bones, mais il n'a rien là dessus, Uhura n'a pas su me répondre, et ce foutu ordinateur avec une banque de donnée presque sans limite n'est pas capable de me trouver autre chose que ce que les autres m'ont déjà dit...
Le capitaine passa une main sur son visage, et s'affala contre le dossier de sa chaise, l'air désemparé et suppliant d'avoir enfin une explication :
- en désespoir de cause j'ai pensé que je trouverais forcément la réponse sur la Nouvelle Vulcain...

Une ombre passa dans le regard du vieux Vulcain. Il sembla tout à coup plus vieux, plus fatigué, comme si d'anciens souvenirs lui revenaient. Il savait que la banque de données de l'Enterprise aurait dû contenir des informations sur le rituel, et que s'il n'y avait rien, c'est qu'il n'y avait qu'une solution : elles avaient été supprimées. Il ne dit pourtant rien à ce sujet. Sa voix ne traduisit rien de son trouble passager.
- Vous pensez bien, Jim. Je comprends tout à fait qu'il ait repensé à sa mère aujourd'hui. Si je ne me trompe pas, il me semble que ça doit faire maintenant deux ans qu'elle est décédée. Il est normal qu'il ressente ce chagrin. Ce qui l'est moins, c'est qu'il ne parvienne pas à bloquer ses émotions, et nous savons que le pon farr y est pour quelque chose, et d'autant plus qu'il n'est qu'à moitié Vulcain. Ses barrières mentales ne sont pas aussi résistantes que celles d'un autre.
Spock Prime baissa un instant les yeux, cherchant vraisemblablement ses mots. Ses sourcils étaient froncés et ses traits tirés.
- Je comprends également son voeu d'effectuer le rituel du kolinahr, et c'est un choix sage qu'il a certainement fait en toute logique, bien qu'il paraisse émotionnellement instable. Je me suis moi-même plié à ce rituel, il y a bien longtemps, alors que mon Jim Kirk était encore en vie. Le temps que cela m'a pris n'a pas d'importance, ce qui l'est, c'est qu'arrivé au terme de mon périple, T'Pau, notre représentante la plus éminente, m'a refusé la dernière étape.

Jim resta un instant songeur, réalisant qu'il ne s'en était pas souvenu. Il s'était passé tellement de choses qu'il avait oublié que ça faisait 2 ans jour pour jour que Vulcain avait disparu, et avec elle, la mère de Spock. Il se sentit coupable ne pas s'en être souvenu, mais l'inquiétude concernant son compagnon demeurait plus forte que la culpabilité :
-à quoi sert ce rituel au juste... ? Si l'on n'est pas sur de le réussir, ça signifie que même s'il l'effectue ça pourrait ne pas lui rendre ses barrières mentales ?
Il commençait à devenir bon en matière de déchiffrage de Spock, tout univers confondu, et ce qu'il voyait dans l'expression du vieux vulcain ne lui plaisait pas. Et ça lui plaisait encore moins quand il parlait de choix logique. Il les connaissait les choix logiques avec Spock... ça avait bien faillit lui coûter la vie pendant son pon farr. Alors ce rituel ne lui semblait pas de meilleur augure.

- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, Jim. Si T'Pau a refusé de me laisser mener le kolinahr à son terme, c'est pour des raisons personnelles que je n'évoquerai pas. Le rituel est long, un travail de longue haleine que peu de Vulcains parviennent à achever. Pour ma part, cela m'a pris deux ans, mais certains le terminent en six. Il consiste en un voyage d'isolement traditionnellement effectué dans les déserts de Vulcain du Mont Seleya. Il est séquencé par de longues périodes de méditation. A chaque étape, des conseils et des instructions sont laissés par des prêtres.
Spock s'interrompit quelques instants. Il ne pouvait pas mentir à Jim, mais il n'avait aucune envie de lui dire la vérité. Il comprenait et il respectait le choix de son double de s'adonner au kolinahr, et il savait par avance que le jeune Kirk en souffrirait.
- Si les Vulcains cherchent à l'accomplir, reprit-il ensuite, c'est parce qu'il permet, à terme, de purger toute émotion. Il n'y aura plus que la sérénité et la logique. Mais comprenez-moi bien. Ses sentiments à votre égard se verront inchangés, pour peu qu'il parvienne à les mettre de côté le temps du rituel, sinon il n'y arrivera pas.
Il se rappelait encore, près de quinze ans plus tard - et cent dix ans plus tôt pour lui - quand il avait intercepté l'appel télépathique de son compagnon. T'Pau avait perçu ses sentiments et lui avait interdit de terminer le kolinahr, car jugé trop émotionnel. Il en avait eu honte.

Jim mit un temps avant de bien comprendre ce que Spock Prime lui disait. Ce rituel qui pouvait durer un temps indéfini avait pour but de purger toutes émotions... ? Mais ce faisant, Spock ne serait plus vraiment Spock! Le fait qu'il soi un peu plus émotionnel que les vulcains de sang pur c'était ce qui faisait de lui la personne qu'il était. Et pourquoi il n'avait pas dit la vérité?! ça n'avait rien de banal! C'était long, c'était... non ça ne lui plaisait pas du tout! Il n'avait aucune envie de voir Spock revenir sous la forme de..; de dieu sait quoi... la sérénité et la logique? A d'autres! Il aimait Spock pour ce qu'il était, pour sa double nature qui justement faisait de lui quelqu'un doué de logique mais aussi d'émotions. Il ne voulait pas se retrouver avec quelqu'un qui serait incapable de ressentir ou même de comprendre ce que lui ressentirait!
Une multitude d'expressions passèrent sur le visage de Jim allant de la surprise à la peine et de la colère au doute. Il ne croyait absolument pas en cette solution, et il n'en voulait pas. Il y avait forcément quelque chose de moins radical.
- C'est une mauvaise idée... Une très mauvaise idée! Il n'y a pas une autre solution?
Merde! Songea Jim. Putain d'idée de m...
Ils étaient liés pour la vie depuis deux jours et voilà que son compagnon comptait partir pour un temps indéterminé et pour revenir complètement transformé et en plus il lui mentait là dessus?! Non, non pardon, les vulcains ne mentent jamais... Ils cachent la vérité! C'est beaucoup mieux!
Une vague de colère et de ressentiment traversa Jim et se transmit à travers le lien. Spock ne lui faisait pas confiance... Et il prenait des décisions qui les concernait tous les deux! ça faisait à peine 2 jours!! Ce n'était pas encore un échec même s'il comprenait bien que le vulcain soit déstabilisé...

Spock était toujours dans sa cabine, allongé sur son lit. Il assistait silencieusement aux pensées, aux réflexions et aux doutes de son compagnon. Il soupira lentement et se décida à intervenir.
- Jim, je te fais confiance, mais pour ma santé, il faut que j'effectue le kolinahr.
Il le devait, avant de devenir fou. Ses émotions étaient incontrôlables et incompréhensibles. Il réagissait spontanément et de façon complètement inconsidérée. Dans cet état, il ne pouvait pas reprendre son poste.

Dans la cabine du capitaine, Spock Prime répondit à Jim Kirk.
- Je ne crois pas qu'il y ait d'autres solutions, mais je m'y connais assez peu en ce domaine. Peut-être pourriez-vous contacter Sarek, notre père ? Il doit être en contact avec plusieurs scientifiques et psychologues vulcains sauvés de la destruction de notre planète. Je vous envoie sa fréquence immédiatement. Sinon, peut-être que vous pourriez en discuter avec Spock ? A votre stade, le dialogue reste la meilleure chose à faire.

- tu me fais confiance...? pourquoi tu n'as pas dis la vérité alors ?
Jim se sentait en colère, pas tant du fait que Spock envisage une telle décision, même si ça ne lui plaisait pas, mais il se sentait trahit et blessé. Un peu comme ce jour où sa mère lui avait dit qu'il devait rester vivre chez son oncle quelques mois, qu'elle reviendrait vite, et où elle n'était jamais revenue.
Il détourna ses pensées de ses souvenirs d'enfance et retourna son attention vers Spock Prime :
- je vais tenter de parler avec Sarek... je parlerais avec Spock ensuite... S'il se décide à discuter pour de bon.
Il soupira et se massa les tempes, sentant venir une migraine sévère et ferma les yeux un moment :
- merci quand même Spock... au moins j'ai enfin l'impression d'avancer dans cette histoire...
Il rouvrit les yeux et adressa un faible sourire au vulcain. C'était rassurant d'avoir malgré tout quelqu'un sur qui compter en cas de besoin. malgré la situation assez étrange que ça avait d'abord était de se retrouver nez à nez avec un Spock plus âgé venu d'un autre univers, Jim s'était vite prit d'affection pour cet homme qu'il considérait sans mal comme un ami. Même si la situation était d'autant plus étrange maintenant qu'il sortait avec son Spock. Son esprit lui envoya une image plus que douteuse de lui avec les deux Spock, qui le fit rougir mais qui le fit aussi éclater de rire, lui redonnant un peu le moral. Il secoua la tête pour chasser cette image de son esprit et retourna les yeux vers Spock Prime :
- navré!

- Je ne voulais pas que tu tentes de me retenir. Ne vas pas importuner mon père avec ça et vient. Nous parlerons.
Spock comprenait la réaction de son compagnon, il savait que de son point de vue humain, il ne pouvait accepter de laisser filer l'amour qu'ils partageaient alors que leur relation venait tout juste de débuter. Mais tout Vulcain trouverait ce choix logique. Mais le souci était là. Jim n'était pas Vulcain, et Spock ne voulait pas qu'il le soit.

Dans la cabine, sur l'écran de communication, Spock Prime hocha la tête, un sourcil haussé, puis il reprit une attitude plus neutre, levant la main en un salut vulcain maintes fois répété.
- Longue vie et prospérité, Jim. Et bonne chance. Ne le jugez pas trop vite et trop sévèrement. Je vous rappelle que vous avez affaire à un homme torturé. Essayez de le comprendre et il s'ouvrira à vous. Peut-être même qu'il renoncera au kolinahr.
Un vague sourire s'étira sur son visage, tandis que ses yeux pétillaient une dernière fois de cette sage intelligence qui l'avait toujours illuminé, puis il disparut

Quand il assista aux images vues par Jim, le jeune Spock eut une expression effarée, presque outrée. Mais à quoi pensait-il ? Il ne comprit pas l'intérêt de cette vision, et préféra l'oublier immédiatement, se préparant plutôt à la venue de Jim. Il se redressa, s'assit en tailleur sur son lit en arrangeant les plis de son cafetan. Il croisa ensuite les mains, les coudes sur ses cuisses et appuya son menton dessus.

Le capitaine hocha la tête et sourit aussi, se sentant un peu plus préparé à aller discuter avec son compagnon à présent :
- je ferais de mon mieux Spock, merci pour votre aide. Au revoir.

Jim prit le temps de noter malgré tout la fréquence pour contacter Sarek en cas de besoin. Il espérait bien que Spock et lui s'en sortiraient juste en discutant, mais si ça ne suffisait pas, il ne déposerait pas les armes avant d'avoir tout tenté. Il éteignit son ordinateur et se leva. La discussion serait longue et difficile, et honnêtement il aurait préféré qu'ils s'épargnent ça, mais la situation actuelle ne se résoudrait pas sans discuter. Il quitta donc ses quartiers pour se diriger vers ceux du vulcain, nerveux mais déterminé. Arrivé devant la porte, il hésita un instant ne sachant s'il devait sonner ou pas et prit le parti de le faire, juste au cas où.

La sonnerie le tira de ses pensées, et il se redressa, néanmoins toujours assis sur son lit. Il était surpris que Jim n'entre pas directement, alors qu'il en avait totalement le droit, d'un point de vue hiérarchique, et d'un point de vue relationnel.
- Tu peux entrer.
Il ne savait où irait la conversation, et il était déjà las, à l'avance, à cette perspective. Il parut soudainement vidé de son énergie, fatigué, et presque plus vieux, sous le poids de ses émotions incontrôlables. Spock espérait au fond de lui que le combat ne serait pas trop long, et qu'il ne leur coûterait pas trop. Il tenait à Jim d'une façon que le jeune homme ne pouvait imaginer.

Après une profonde inspiration, Jim entra et vint s'asseoir au bord du lit, l'air grave et soucieux. Il voulait trouver une solution efficace et rapide si possible. Ne sachant pas part où commencer il resta un temps silencieux, puis fini par tourner les yeux vers Spock :
- Ok... hum... je comprends l'idée derrière ta décision d'effectuer le kolinahr Spock, et c'est ton droit mais... je pense que déjà, tu prends cette décision à un mauvais moment... Je sais quel jour on est, et je ne pense pas que tu sois apte aujourd'hui à prendre une décision d'une telle importance. Je me trompe peut être, mais c'est mon opinion actuelle... Ensuite...
L'humain passa une main dans ses cheveux, essayant de trouver les mots pour exprimer ce qu'il ressentait :
- ensuite, je pense qu'avant d'envisager une telle solution, il serait plus sage de demander conseil à un guérisseur vulcain. Tu n'es surement pas le seul vulcain au monde à qui il soit arrivé d'attendre trop longtemps pour... achever on va dire, son pon farr, et qui en subit les conséquences... Tu m'as toujours dis que c'était un sujet dont vous ne parliez pas, donc il y a peut être un autre moyen de guérison que tu ne connais simplement pas...

Le Vulcain écouta attentivement son amant, ses yeux, deux orbes d'obsidienne dans la semi-pénombre de la chambre, éclairée par les lumières tamisées, fixée sur son visage. Il attendit qu'il ait finit pour se manifester. Jim comprenait-il réellement la raison pour laquelle il voulait partir ? Ou disait-il cela uniquement pour l'amadouer ? Non, il ne devait pas se laisser aller à douter. C'était une émotion humaine inutile et illogique. Il pensait mériter mieux que de ressentir cela.
Lorsqu'il parla, sa voix était étranglée, emprunte d'émotions qu'il ne maîtrisait plus, bien qu'il fit le maximum pour qu'elle garde son habituel ton laconique.
- Peut-être, en effet. Je ne vis plus sur Vulcain depuis mes dix-huit ans, il peut y avoir eu des avancées scientifiques.
Il s'interrompit un instant, cherchant ses mots, rassemblant les fragments de ses idées, se demandant quoi dire et quoi faire. Puis, finalement, échouant devant la tentative d'expliquer ce qu'il ressentait, il leva la main et l'approcha du visage de Jim.
- Me permets-tu une fusion mentale ? J'ai quelque chose à te montrer.

Jim se sentit rassuré qu'ils arrivent pour le moment à s'écouter, à défaut de se comprendre pleinement. Il avait conscience de leurs différences culturelles, mais il comptait bien les surpasser pour arriver à comprendre le problème. Aussi quand son partenaire lui proposa une fusion, il n'eut pas la moindre hésitation :
- vas y...
Si ça pouvait leur permettre un échange plus franc et plus compréhensible, ce serait parfait. Il voulait bien sûr que son amant aille mieux, il ne voulait juste pas faire ça n'importe comment...