Frisson part. 6 (Syhta/Selek)

Spock était à présent allongé sur le lit de l'infirmerie, et recouvert d'une couverture. Maintenant que le pon farr était terminé, son corps allait baisser en température, et il serait dommage qu'il ne s'affaiblisse. McCoy restait tout près, contrôlant les jauges relatives aux différentes fonctions vitales du Vulcain. La transe en soit n'annonçait rien de grave, mais il fallait rester attentif.
Inquiète, Nyota fit un pas dans sa direction, les sourcils froncés, tout en surveillant du coin de l'oeil celui qui occupait son coeur. Elle avait très mal vécu l'isolement sur la planète. Certes, elle lui faisait confiance, elle savait que les Vulcains étaient résistants, mais sans connaître les détails, elle avait compris que quelque chose se passait en bas, et que ce n'était pas bénin.
- Docteur, que s'est-il passé ?
- Je ne peux pas rentrer dans les détails, secret professionnel oblige, mais je peux répondre à certaines de vos questions. Demandez, et je vous dirai.
- Est-ce que c'est grave ?
- A priori, non. Une transe de guérison indique justement que le corps fonctionne normalement, et qu'il a besoin de ce repos pour se reconstruire et se restaurer. Ca ne prend que quelques heures tout au plus, à moins qu'il ne soit gravement blessé, ce qui n'est pas le cas.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé en bas ?
- Je ne peux pas vous répondre. Le seul qui le pourra en est encore incapable. Soyez patiente, il vous répondra.
Uhura soupira, à peine rassurée, puis alla s'installer dans un coin, gardant les yeux sur la silhouette allongée de son compagnon. McCoy, lui, vaqua à ses occupations, revenant régulièrement vérifier la tension, le pouls ou la respiration du Vulcain. Après plusieurs heures de ce manège, il s'arrêta plus longtemps, et murmura, pour lui-même.
- Hum, c'est bientôt fini.
Sur les jauges, les indicateurs remontèrent rapidement vers la zone verte, faisant biper la console, puis Spock se redressa soudainement en inspirant une grande bouffée d'air, comme s'il sortait d'apnée. Son regard était hagard, perdu, et il semblait déséquilibré.
- Docteur...! geignit-il en se tournant dans sa direction.
Celui-ci savait ce qu'il avait à faire. Il saisit l'épaule de Spock de la main gauche, et de la droite, lui asséna plusieurs gifles violentes. Plusieurs infirmières déboulèrent dans la salle de soin, Leonard les chassa d'un regard noir.
- N'interférez pas ! Il faut le faire sortir de la transe !
Il lui donna encore plusieurs coups, faisant chanceler le Vulcain à chaque fois, puis soudain, le coup fut stoppé net. Spock expira, puis releva les yeux vers lui.
- Assez. Merci, Docteur.
Doucement, il se laissa glisser du lit, et fit face à Jim et Nyota. S'il avait été humain, il aurait profondément soupiré. Il était certes rétabli, mais il ne se sentait pas la force d'affronter les foudres de la jeune femme.

Jim demeura dans un coin opposé à celui où se trouvait Nyota, mais veillant lui aussi du regard sur Spock.Son estomac lui faisait signe qu'il était temps d'aller manger mais il refusait de partir tant qu'il ne serait pas à 100% sûr que le vulcain allait bien. Même s'il ne sentait rien d'inquiétant à travers le lien, il ne savait pas encore comment cela fonctionnait, ni dans quelle limite ce lien lui permettait de savoir si Spock allait mal.
le réveil fut étonnamment brutal pour Jim qui n'avait jamais assisté à la sortie d'une transe vulcaine mais voyant qu'Uhura ne paniquait pas, et ayant toute confiance en Bones, il lutta contre son instinct qui lui criait d'intervenir. Quand son partenaire fut enfin réveillé et levé Jim avança de quelques pas, avant de se rappeler la présence de Nyota et s'arrêta à distance raisonnable. Il croisa le regard de Bones qui semblait lui souhaiter bon courage pour la suite, et lui fit aussi discrètement signe d'aller manger quelque chose. Léonard ne plaisantait pas quand il s'agissait du bien être et de la santé des gens à bord. Le capitaine vit Nyota s'avancer vers Spock avec sa grâce naturelle et il se sentit étrangement possessif envers le vulcain, mais calma immédiatement ce sentiment, ne sachant pas si Spock s'en rendait compte ou non via le lien. Tant de choses étaient arrivées depuis leur retour à bord, et Jim réalisa qu'il n'avait pas encore eu le temps d'en parler avec son officier. Non pas qu'il ai des regrets, loin de là, mais il pensait qu'il était important de s'assurer que le vulcain lui n'en avait pas. Après tout, il était sous l'emprise du Pon farr quand il avait choisit de prendre Jim comme compagnon, et l'humain ignorait dans quelles limites le Pon farr pouvait altérer son jugement. Bien sur, il espérait bien ne pas se retrouver face à un Spock qui regretterait son geste, et qui en plus lui en voudrait sûrement pour le restant de ses jours. Cette pensée lui cause un légère panique qui se répercuta à travers le lien.

En le sentant, Spock tourna les yeux vers lui.
- Ne vous inquiétez pas pour cela, Capitaine. Je ne regrette rien, lui dit-il en pensées.
Il fit ensuite de nouveau face à Nyota et la regarda avec sérieux. Un pas vers elle. Mais il ne leva pas une main, et son regard ne contenait pas sa chaleur habituelle.
- Nyota, je te dois quelques explications.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Dis-moi... fit-elle en s'avançant vers lui.
Le Vulcain la repoussa délicatement. Il ne voulait pas la blesser, mais il ne voulait pas lui mentir.
- Quand nous sommes descendus sur la planète, je suis entré dans une phase biologique vulcaine dont tu n'as peut-être jamais entendu parler.
Elle fronça les sourcils, l'invitant à poursuivre.
- C'est quelque chose d'extrêmement tabou dans notre peuple, car cela nous rend indigne de ce que nous sommes. Il nous rend violent, illogique, émotionnel... Nous l'appelons le pon farr. La fièvre du sang. Les Vulcains entrent tous dans cette phase dès leur maturité, et ce tous les sept ans, et si je ne l'ai vécu que maintenant, c'est sûrement à cause de mon sang humain.
Uhura n'intervenant pas, il continua ses explications.
- Sur la planète, j'ai donc vécu mon premier pon farr, et il est sûrement le plus dangereux, car l'organisme et l'esprit n'y est pas préparé. Le corps subit un violent dérèglement biologique, créant divers symptômes tels qu'une augmentation de la température, des taux d'hormones, ou alors la chute des barrières mentales. A terme, le Vulcain meurt après une dizaine de jours.
Une expression horrifiée passa sur le visage de la jeune femme en constatant qu'elle aurait pu perdre celui qu'elle aimait.
- Comment as-tu pu guérir alors ? Le Docteur t'as donné quelque chose ?
- Non. Il n'y a que deux solutions pour arrêter un pon farr. Comme tu dois le savoir, les jeunes Vulcains issus de grandes familles sont fiancés lorsqu'ils ont sept ans, dans le but de se retrouver et de se marier lors de la crise. L'autre façon est de sortir vainqueur d'un combat à mort avec l'autre prétendant à la fiancée. Ma planète ayant été détruite et n'ayant été qu'en présence de Jim sur la planète, je n'avais aucune solution. Il m'était impossible de le tuer, je me suis alors résigné à mourir.
- Spock ! réprimanda-t-elle, avant qu'il ne l'arrête d'un geste de la main.
- Je te passerai les détails de ce qu'il s'est passé en bas, ma honte est encore suffisamment présente dans esprit. Heureusement pour nous deux, une navette est venue nous chercher alors que j'achevais le neuvième jour du pon farr. C'est là que le Docteur m'a proposé l'ultime moyen d'y mettre un terme.
- Lequel ? Tu n'as pas tué, quand même ?
- Je me suis uni à la seule personne avec laquelle je pouvais partager l'ensemble de mon être et de mon âme.
- Qui donc ? demanda-t-elle, intérieurement blessée qu'il ne l'ait pas choisie.
- Tu connais le principe de la fusion mentale. Lors de l'accouplement pendant le pon farr, une fusion extrêmement puissante se crée, liant les deux partenaires jusqu'à la mort. Nyota, tu es une personne formidable, mais tu n'es pas faite pour quelqu'un comme moi. Je suis navré.
La jeune femme expira lentement, essayant de ravaler ses larmes. Elle acquiesça doucement, les yeux humides, puis déglutit, la gorge serrée.
- Qui, alors ? Je te promets que je ne lui ferai rien. Cette personne t'as sauvé, termina-t-elle dans un sourire triste.
Spock tourna alors la tête vers Kirk et ancra son regard dans le sien.
- Jim.

Jim fut quelque peu surprit en entendant Spock dans sa tête, mais il trouva cette sensation à la fois étrange et naturelle, comme si son esprit était enfin complet. Rassuré qu'il n'y ai aucun regret entre eux, l'humain se détendit et laissa son ami expliquer la situation à Nyota. Il se sentait sincèrement désolé pour elle, sachant pertinemment ce que c'était de voir la personne qu'on aime vous échapper. Il était sûr qu'elle s'en remettrait, elle avait une forte personnalité, mais il s'inquiétait pour leur relation de travail en revanche.
Quand Spock tourna les yeux vers lui en citant son nom, Jim sortit de ses pensées et demeura un instant silencieux, les yeux plongés dans ceux du vulcain, avant de les tourner vers Uhura. Ils échangèrent un regard et Jim faillit baisser les yeux, désolé pour la jeune femme, mais il ne céda pas à son envie. Il savait que les excuses ne lui ferait aucun bien, et qui plus est, ce ne serait que de fausses excuses. Il était désolé pour elle, mais il céderait Spock pour rien au monde. Lui présenter des excuses qui ne seraient pas sincères serait faire offense à Nyota. Elle paru apprécier qui lui épargne les longs discours de "pardon" et de "je te jure que je l'ai pas vu venir". Moins aveugle que Spock en matière de sentiments, elle avait bien vu depuis quelques temps la façon dont Jim se comportait quand il était près du vulcain. En revanche, elle n'avait pas vu venir le fait que son petit ami éprouve les mêmes sentiments à l'égard de Jim.
- Il va me falloir un peu de temps... mais je suis contente que tu sois en vie Spock... et si tu pense que Jim est fait pour toi... Qui suis je pour me mettre entre vous ?
Jim la remercia d'un signe de tête, se rendant bien compte qu'elle faisait bonne figure mais qu'une fois seule elle pleurerait sûrement autant que lui ces derniers jours.

Spock eut une expression satisfaite, bien qu'il s'efforça de ne pas trop la montrer.
- Nyota, tu sais parler vulcain. Tu sauras donc ce que cela signifie si je te dis qu'il est mon T'hy'la.
La jeune femme releva soudainement ma tête dans sa direction, puis se tourna vers Jim, surprise, mais presque fascinée.
- En effet, je comprends. Ce sera difficile pour moi de faire avec, mais je comprends. Capitaine, fit-elle ensuite à son intention avant de baisser la voix, prenez soin de Spock.
Elle eut un sourire triste puis elle quitta l'infirmerie d'un pas rapide, la tête basse. A l'intérieur, le Vulcain s'approcha de Jim et le regarda avec une certaine tendresse.
- Maintenant, je peux répondre à toutes tes questions concernant notre lien, la fusion mentale, et tout ce qu'il te sera nécessaire pour notre relation.

Jim regretta amèrement de ne pas avoir prit le Vulcain en option à l'académie. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'un T'hyla était censé être. Peut être était ce un mot équivalent à amant ou petit ami? mais Spock n'aurait pas eu besoin d'employer un mot vulcain pour dire cela, et puis Nyota avait déjà comprit cette partie là de l'histoire. Il demeura donc confus, mais à en juger par l'expression de la jeune femme quand elle l'avait su, ce devait être quelque chose de très particuliers. Quand elle lui demanda de prendre soin de Spock, il approuva d'un hochement de tête et répondit lui aussi d'une voix basse :
- je le ferais.
Il attendit qu'elle sorte puis tourna les yeux vers le vulcain. la tendresse qu'il lu dans son regard le fit sourire et il sentit son coeur battre plus fort. En revanche il allait lui falloir un peu de temps pour s'habituer à entendre la voix de Spock directement dans sa tête. Des questions, il en avait plein pour sûr, mais ils allaient avoir du temps pour en parler. mais la première question qui lui venait à l'esprit... c'était de savoir comment il faisait pour parler dans sa tête?
- tu m'entends aussi?

Le Vulcain eut un petit sourire en entendant sa voix, et il s'approcha d'un pas.
- En effet, je t'entends très bien. En réalité, actuellement, je perçois la moindre de tes pensées. Il te sera utile d'apprendre à choisir celles que tu souhaites partager avec moi. Nous aurons tout le temps pour cela. Dans l'immédiat, as-tu des questions ? Des choses que tu souhaites savoir ?
Tout en parlant à travers leurs esprits, il s'était tourné vers la porte et commençait à quitter l'infirmerie. Il croisa le regard du médecin en chef, lui adressa un bref sourire en affirmant qu'il était à présent rétabli, puis quitta les lieux pour se diriger vers ses quartiers. Bien qu'ils soient tous deux à présent en forme, ils disposaient encore de quelques jours de convalescence, et c'était loin de lui déplaire.
Après quelques instants de marche, ils arrivèrent devant les quartiers de Spock, dont celui-ci ouvrit la porte avant de se glisser à l'intérieur.

Jim sentait que cette communication silencieuse allait lui plaire... Il suivit Spock vers la sortie de l'infirmerie, adressant un clin d'oeil à Bones qui leva les yeux au ciel et lui fit signe de sortir. Il du se retenir d'éclater de rire mais sa joie se transmit à travers le lien.
- j'ai des tas de questions... je ne sais même pas par où commencer...
Il entra dans la cabine de son officier et alla tout naturellement s'asseoir au bord du lit. Il s'installa en tailleur et resta un instant silencieux, essayant de faire le tri dans ses questions.
- d'abord... le lien est définitif c'est sûr? je veux dire, personne ne peux venir et nous l'enlever de gré ou de force ?
Une léger inquiétude passa à travers le lien tandis qu'il parlait. Il voulait juste être sûr que personne ne pourrait lui arracher Spock.

Alors que Jim s'asseyait sur le lit, Spock prit place dans le fauteuil dans lequel il s'installait pour jouer du luth. Il posa les bras sur les accoudoirs et le regarda, calme et serein.
- Absolument. La seule façon de rompre le lien est que l'un de nous deux meure. Il est extrêmement puissant, c'est un vieil héritage de mon peuple. Grâce à lui, nous pouvons communiquer sans grande limitation de distance. Vous pourriez être sur l'Enterprise et moi sur Terre que nous pourrions nous parler, certes avec un peu plus de mal, mais c'est possible. C'est pour cela qu'il est primordial d'avoir le bon partenaire pour le pon farr. En outre, il nous permet de partager nos points de vue et nos sensations.
Pour illustrer, pendant qu'il parlait, il saisit l'instrument et le positionna sur ses genoux, avant de commencer à pincer légèrement les cordes. La résonance des notes, assez peu mélodieuse à l'oreille humaine, était agréable à la sienne, et il transmis le sentiment de détente et de paix que ce son lui procurait afin qu'il comprenne l'importance du partage.

Un sentiment de sécurité se fit dans le coeur de Jim et toutes les angoisses qu'il avait concernant leur relation disparurent. Elles reviendraient peut être mais il était au moins sûr que rien ne viendrait les séparer. Et c'était tout ce qu'il demandait... la démonstration de Spock quand à leur capacité à échanger ce qu'il ressentait l'intrigua mais lui plu aussitôt. Il réalisa à quel point il leur serait bien plus facile de se comprendre mutuellement, au delà des différences culturelles qui parfois leurs posaient problèmes. Il était tellement plus simple de faire ressentir une émotion, que d'essayer de l'expliquer avec des mots. Il sourit, l'air satisfait, et posa la question qui lui trottait dans l'esprit depuis l'infirmerie :
- ce mot que tu as employé tout à l'heure... comment était ce... T'hy'la... qu'est ce que ça signifie ?

Avec un léger sourire amusé, Spock reposa l'instrument à sa place puis croisa les mains, tout en le regardant.
- Je me doutais que tu poserais la question. Dans ma langue, T'hy'la a plusieurs sens. Tu sais que les Vulcains ne sont pas très démonstratifs. Ils ont donc mis d'usage un mot particulier qui permet d'englober toutes les formes d'amour. Il revient donc à chacun de l'utiliser selon le sens qu'il lui préfère selon la personne à laquelle il parle, et selon la circonstance. Pourtant, il est courant d'appeler T'hy'la la personne dont l'âme et l'esprit entrent en résonance avec ceux du Vulcain. Comme des âmes soeurs, si tu préfères. Le lien entre deux T'hy'la est indescriptible. Il transcende l'espace, et parfois le temps. Si je devais te donner une signification, le sens de ce mot pourrait être à la fois "frère", "ami" et "amant". As-tu d'autres questions ?

Jim l'écouta avec attention et un sourire se dessina lentement sur son visage. T'hy'la... ça lui plaisait comme mot... c'était bien vulcain de vouloir regrouper des formes d'amour aussi différentes les unes des autres, mais d'un certain coté, c'est ce qui donnait toute sa force au mot...
- oui! Plein... euh...
Une question qu'il avait mit de coté lui revint en tête et un sentiment d'embarras passa à travers le lien :
- hum... concernant... concernant ton père... ça ne va pas lui poser de problème que tu m'ais choisi...?
Jim n'avait vu Sarek que peu de temps après la destruction de vulcain, et il ne savait que peu de chose sur lui. Il ne savait pas comment son "beau-père" allait prendre la nouvelle, et comme il risquait bien de le rencontrer un jour...

Le visage de Spock s'assombrit légèrement et il perdit son sourire. Les sourcils froncés, sa vois de fit un peu hésitante.
- Il est possible qu'il n'approuve pas, mais il sera obligé d'accepter. Il a lui même défié ses parents en choisissant ma mère, il sait ce que c'est, que de se lier à un Humain.
Il resta ensuite silencieux quelques instants, bloquant toute communication par la pensée, puis il releva les yeux vers Jim, avant de quitter son fauteuil. Jim soulevait un point important. Comment cela allait-il se passer avec Sarek ? Ils n'étaient pas réellement en bons termes, tous les deux, et on ne pouvait pas dire que la mort d'Amanda les ait rapprochés. Il devait réfléchir à la meilleure façon d'envisager leur prochaine rencontre et à celle dont il lui annoncerait sa décision de garder Jim.
- Nous devrions prendre du repos, Capitaine, dit-il soudain. Vous devriez retourner dans votre cabine.

Jim respecta le temps de réflexion de Spock, gardant pour lui autres questions qu'il se posait. Il ne percevait plus rien de ce que le vulcain éprouvait et il ressentait un sentiment d'inconfort face à cette étrange sensation d'être "mis à la porte" de l'esprit de son officier. Quand celui-ci lui conseilla de retourner dans sa cabine, l'humain su qu'il avait posé la mauvaise question au mauvais moment... Il en avait encore beaucoup d'autres. Et puis... Il avait espéré qu'ils pourraient partager leurs quartiers maintenant qu'ils étaient en couple et même lié à vie. Timidement, il essaya d'envoyer à travers le lien sa requête, ne sachant si Spock l'entendait ou s'il avait complètement verrouillé son esprit :
- je ne peux pas rester dormir ici..?

A présent, le Premier Officier se tenait droit, les mains dans le dos, comme à son habitude. Son ton était aussi froid et dénué d'émotion que lorsqu'ils étaient en mission.
- Je ne pense pas que cela soit sage, Capitaine. Néanmoins...
Sa voix prit ensuite une teinte plus douce, bien qu'elle soit toujours laconique.
- Néanmoins, je ne peux vous empêcher de rester si vous le souhaitez. Je vous demanderais simplement de respecter mon intimité.
Ce qui signifiait pour un Vulcain : "se faites aucun bruit et ne me dérangez pas par vos pensées, je dois méditer".
Sans attendre de réponse, il s'assit sur son lit, faisant comprendre à Jim qu'il devait s'écarter, puis s'y allongea, croisant les mains sur son torse. Il ferma ensuite les yeux et verrouilla son esprit, ne laissant qu'une infime porte pour les messages d'urgence.

Jim hocha légèrement la tête et essaya de se concentrer autant qu'il pu pour faire taire son esprit.
- je serais sage...
Il trouvait que sa voix avait un petit coté enfantin, mais après tout, il était un peu en train de faire un caprice non? En même temps, n'était ce pas normal de dormir avec la personne qu'on aime? Jim n'y connaissait pas grand chose en matière de relations sérieuses, mais dormir avec Spock lui semblait naturel. Décidé à ne pas partir, mais aussi à ne pas le déranger, il s'installa sur l'autre bord du lit, s'allongea sans prendre la peine de se déshabiller, la fatigue de la journée l'ayant finalement rattrapée. Il se roula en boule, résistant à l'envie qu'il avait de se blottir contre Spock et ferma les yeux. Il se sentait bien, détendu, en sécurité et même si le comportement du vulcain avait un petit coté froid, il savait que ce n'était qu'une apparence. Il garderait les questions pour le lendemain, si Spock acceptait d'y répondre... En attendant, il sombra dans le sommeil.

Le Vulcain médita longtemps, sans bouger. Il se maudissait de ne pas avoir pris en compte plus tôt les sentiments de son père, et il savait que rapidement, ils devraient avoir une conversation à ce sujet. Il ne voulait pas lui cacher sa relation avec Jim, ça aurait été insultant, et envers Sarek, et envers son compagnon. Après un certain temps d'immobilité, Spock déverrouilla son esprit et rouvrit les yeux, pour voir que Kirk s'était endormi. Il se déshabilla alors puis tira la couverture sur eux, venant se blottir contre le dos du jeune homme, avant de sombrer dans quelques heures d'un sommeil réparateur.
Avec le recul, maintenant qu'il avait réfléchi, il se faisait la réflexion qu'il avait été rude avec lui, et qu'il n'aurait pas dû lui parler sur ce ton. Il savait aussi que Jim n'était pas stupide et avait compris pourquoi son officier avait réagi de cette façon. Il avait à présent tout le temps qu'il voulait pour répondre à ses questions.