Apparence trompeuse 2 (Selek/Syhta)

Le jeun homme fini par lever les yeux vers son ami et reposa ses pieds au sol, retrouvant une position un peu moins... pitoyable, maintenant qu'il y pensait. Il ne releva même pas l'usage de son titre, alors qu'il était là en tant qu'ami. Il se sentait un peu plus tranquille, et la tension dans son ventre c'était partiellement calmée :
- je... je me suis mal exprimé je pense... c'est ma faute aussi... C'est... je comprends ce que vous voulez dire... je n'ai jamais voulu vous dire que vous deviez changer... en fait... je ne pense pas que vous puissiez... si vous ne vous en sentez pas l'envie... il est important de ne pas vous forcer, et de rester vous-même...
Il n'osa pas ajouter que selon lui, si Spock n'était pas prêt à changer pour Nyota, alors elle n'était pas celle avec qui il partagerait un jour sa vie. ça aurait été cruel, et puis il n'était pas devin, et pour ce qu'il y connaissait en amour...

Le Vulcain hocha doucement la tête, se détendant doucement. Sa posture était à présent moins figée, moins professionnelle, et ses épaules paraissaient presque voûtées. Il baissa les yeux sur ses mains, posées sur le bureau, et il aurait presque paru humain si son regard n'était pas resté impénétrable.
- Merci de me comprendre, Capitaine.
Il ne le révélait qu'à demi-mots, mais c'était sa hantise d'être rejeté pour son éducation vulcaine. Il ne voulait pas changer, mais il voulait être accepté comme il était, avec ses qualités et ses défauts, chose que les humains à l'esprit le plus ouvert et le plus malléable tendaient à oublier, tellement habituer à l'adaptation et à l'évolution personnelle. Les Vulcains étaient différents. Tels des rocs, ils étaient solides, mais aussi, bien souvent, rigides d'esprit. Il était difficile de les faire changer d'avis, à moins de leur exposer une théorie scientifiquement prouvée.

Jim se leva et fit quelques pas pour évacuer la tension accumulée, et se rapprocher de son ami. Si celui-ci avait été humain, Kirk aurait sûrement posé une main sur son épaule pour le réconforter, mais il savait que le vulcain n'était pas friand de contacts physiques. Aussi se contenta t-il de demeurer près de lui, espérant que son officier comprenne la signification de son attitude. Ce n'était pas toujours évident pour eux de se comprendre, mais il lui semblait qu'ils progressaient, avec le temps. Leur relation avait pourtant bien mal commencée, mais ils avaient appris à se faire confiance, et il était essentiel pour Jim de ne pas perdre cette confiance. Ils avaient appris à travailler ensemble, et ils avaient passé le cap de collègues de travail pour devenir amis. Et le capitaine avait encore en tête le jour de sa propre mort, et le souvenir du vulcain versant une larme pour lui. C'était gravé dans sa mémoire, et s'il n'osait pas en parler, il n'empêche qu'il n'oubliait rien. Spock avait sauvé sa vie, à ses propres risques et périls.
- Spock... On ne se comprend pas toujours mais... Je voulais que vous sachiez que malgré tout, je suis votre ami. Et que si vous avez encore besoin de parler à quelqu'un, peu importe le sujet, je serais là... Et je ferais tout ce que je peux pour comprendre le problème et vous aider.

Un léger sourire effleura les lèvres de Spock, discrètement, et suffisamment pour qu'un oeil neuf ne le remarque pas.
- Merci... Jim. Je suis, et je serai à jamais, vôtre. Je pense que malgré nos différences culturelles, nous pouvons effectivement nous comprendre. Et si vous avez également envie de parler, même si je doute être la meilleure personne pour cela, sachez que vous pouvez toujours venir me voir.
Le Vulcain se rappelait également ce qu'il avait ressenti lorsqu'il avait cru perdre son ami. Cette douleur incommensurable dans son coeur, cette tristesse, toutes ces émotions qu'il n'avait pas pu contrôler. Le chagrin, la colère, la haine. Si Nyota n'était pas arrivée à temps, il aurait réduit Khan en pièces, par vengeance. C'est alors qu'une pensée lui vint. En aurait-il fait autant si c'était elle qui était morte devant ses yeux ? La réponse le fit pâlir, et il se referma légèrement, reprenant une position plus tendue et droite.

Kirk ne put s'empêcher d'éprouver un mélange de joie et de tendresse en écoutant le vulcain, appréciant qu'il lui retourne son amitié. Il nota le léger changement d'attitude chez son ami mais n'en comprit pas la raison, et il préférait ne pas l'interroger. Ils avaient déjà beaucoup échangé en matière de problèmes et de sentiments pour aujourd'hui. Et Jim n'était pas plus à l'aise que Spock quand il s'agissait de raconter ses problèmes, ou d'entendre quelqu'un vous les raconter. Et pourtant quelque chose le dérangeait. Il n'avait aucune difficulté à prêter une oreille attentive aux soucis de Bones, ou à lui raconter les siens. Alors pourquoi pas avec Spock ? D'un coté, il avait parfois envie, quand le commandement lui pesait, d'aller voir le vulcain et de lui ouvrir son coeur sans réserve, persuadé qu'il ne le jugerait pas. Et il espérait que son ami ressentait la même confiance à son égard. Mais de l'autre... Il était absolument terrifié à l'idée de se montrer, ne serait ce qu'un instant, vulnérable aux yeux de son officier. Et pire encore, de l'entendre venir lui raconter ses problèmes.
Et pourtant, plus il y réfléchissait, plus il réalisait que ce n'était pas ce que Spock pouvait lui raconter qui le rendait si nerveux et malade. Non... c'était simplement l'idée que le vulcain aille mal. ça lui paraissait inacceptable, anormal, c'était quelque chose qui ne devait pas arriver. Mais tout le monde à des soucis de temps en temps, et quand Léonard en avait, ça ne le mettait pas dans un tel état. Quelque chose clochait chez lui, mais quoi...?
Il essaya de chasser ces réflexions de son esprit et de revenir au présent et à ce que lui avait dit Spock :
- merci... je ne l'oublierais pas...
Un sourire apparu enfin sur son visage, et ses yeux azurs retrouvèrent leur éclat d'assurance et de bonne humeur.

Spock plongea son regard, sombre, presque noir, dans les prunelles bleues de son vis-à-vis. Il le fixa, ainsi, pendant un long moment, en silence, et sans bouger. Il sentait son corps se réchauffer peu à peu, son coeur battre plus fort et plus rapidement. Sans savoir pourquoi, il éprouva l'envie d'entourer l'Humain de ses bras et de le presser contre sa poitrine, de sentir son existence contre lui, de s'assurer qu'il allait bien. Quand il avait vu la mine défaite du capitaine, à cause des mots que le Vulcain avait prononcé, celui-ci s'en était voulu. Il avait ressenti une étrange douleur à savoir qu'il en était la cause. Mais à présent, tout était réglé, et il se sentait plus léger.
Presque inconsciemment, il leva une main et la porta à son visage, son regard toujours plongé dans le sien. Ses doigts approchèrent sa joue, l'effleurèrent, puis il réalisa. Son geste s'arrêta à quelques millimètres de sa peau, puis il abaissa la main. Son coeur battit étrangement fort, et il s'efforça de trouver une raison à son geste.
- Je me dis que parfois, une fusion mentale nous aiderait à nous comprendre, mais je pense qu'il est plus intéressant de laisser les choses se faire.

Jim sentit son coeur rater un battement quand il croisa le regard du vulcain. Il lui semblait ne pas pouvoir détacher son regard du sien, comme si sa vie en dépendait. Il ne bougea pas quand sa main s'approcha de son visage, mais il sentit le contact de ses doigts, aussi légers qu'une plume, et leur chaleur... Puis tout cessa, et il lui sembla qu'il avait imaginé ce contact.
Il ne comprit pas immédiatement ce que lui racontait Spock. Une fusion mentale ? Quoi ? Ah oui, cette technique qu'avait employé le second Spock non ? Celles où il devait poser ses doigts sur son visage et... oh... c'était donc ça... Bien sûr, qu'est ce que ça aurait pu être d'autre ?
Jim se reprit et parvint à formuler une réponse d'une voix bien plus assuré qu'il ne l'était en vérité :
- je suis sûr qu'avec le temps, nous y parviendrons tout aussi bien... C'est mon souhait le plus cher.
Il n'avait pas réalisé avoir prononcé les derniers mots à voix haute. Et quand il s'en rendit compte il se sentit bien plus embarrassé qu'il ne l'aurait dû.

- En effet, c'est aussi le mien.
Bien qu'il essayait de ne rien montrer, Spock se sentait également troublé. Il ne s'était jamais senti de cette façon : embarrassé, fébrile, et un peu excité aussi. Il sentait une étrange chaleur s'enfouir en lui, et son coeur battait fort. Pour quelle raison ? Il ne comprenait pas, et il allait falloir qu'il réfléchisse s'il voulait obtenir une réponse. mais avait-il envie de savoir ? Spock n'était pas stupide, même concernant ses propres ressentis. C'était une sensation agréable, mais quelque chose lui disait que Nyota n'aimerait pas être au courant. Il eut un frisson, comme s'il se trouvait en situation dangereuse, comme s'il faisait quelque chose d'interdit. Pourtant, il ne faisait rien de tel, il était seulement avec Jim, dans sa cabine, et ils se regardaient. Le Vulcain déglutit. Il n'avait pas fallu longtemps pour qu'il réalise. S'il se sentait de cette façon, c'était parce qu'il commençait à ressentir un sentiment amoureux pour son capitaine. Quelque chose qui lui était prohibée. D'une part, il était en couple avec Nyota. D'une autre, Jim était son capitaine et donc son supérieur. Et enfin, bien qu'il n'ait rien contre, Jim était un homme, et les relations homosexuelles n'étaient pas logiques.
Constatant la situation dans laquelle il se trouvait, il pâlit, et son regard perdit de sa chaleur. Il aurait aimé prévenir Jim, lui dire ce qu'il ressentait, mais il savait que tout cela compliquerait les choses plus que ça ne les arrangerait. Il resta donc muet, et une expression de douleur intérieure apparut sur son visage.

L'humain remarqua le changement dans le regard de son ami. Quelque chose n'allait pas, il le sentait au plus profond de lui-même. Comme une sorte d'instinct, mais qu'il ne pourrait utiliser que pour comprendre Spock. Il n'était pas certain de ce qui se passait dans la tête de son ami, mais quelque chose le perturbait visiblement. Et cela fit revenir en lui la tension dans son ventre. Qu'est ce qui n'allait pas ? Il n'avait pas l'impression d'avoir fait ou dit quelque chose de mal... A quoi le vulcain avait il songé qui le trouble ainsi ?
- quelque chose ne va pas Spock...?
C'était plus une affirmation qu'une question. Il savait, sentait, que quelque chose clochait. Il s'inquiétait d'en connaître la source. Nyota ? Lui-même ? quelqu'un ou quelque chose d'autre ?

Ce n'est que lorsque Jim reprit la parole que Spock réalisa qu'il s'était figé. Il reprit contenance, une expression et une posture moins raide, puis il hocha la tête.
- Je vais bien, je venais simplement de penser à quelque chose. Il va falloir que je règle cela.
Le Vulcain se détourna de Jim, fit quelques pas dans sa chambre, encore perturbé, et ne vit pas un objet qu'il fit tomber de son bureau en passant à côté, se tapant la cuisse contre l'accoudoir de son fauteuil par la même occasion. Distraitement, il se massa la zone heurtée. Il allait devoir parler à Nyota. Non pas de la découverte qu'il venait de faire, mais pour la prévenir qu'il était troublé, et qu'il avait besoin, en quelque sorte, d'un peu plus d'espace pour réfléchir.

- je vois, je comprends.
Jim n'avait pas souvenir d'avoir déjà vu son ami aussi troublé. Clairement quelque chose n'allait pas, mais il ne désirait pas en parler. Et son capitaine ne comptait pas lui forcer la main. S'il préférait se taire pour l'instant, il l'acceptait. Pour le moment, il avait eu son lot d'émotions et de sensations agréable ou étranges. Kirk remarqua l'objet que le vulcain avait fait tomber dans sa très étrange maladresse et se pencha pour le ramasser.

Spock le regarda faire, se sentant embarrassé, mal à l'aise, et suivit l'objet des yeux jusqu'à ce qu'il soit remis sur le bureau. Jim se trouvait à présent proche de lui, et le Vulcain lutait pour ne rien faire, pour garder ses bras le long de son corps. Son visage était encore troublé, il avait les sourcils froncés et son regard était sombre. Mais quand il parla, sa voix restait calme et posée.
- Il se peut que je ne puisse vous révéler certaines choses en dehors d'une fusion mentale...
Se rendant compte de ce qu'il venait de dire, il se détourna et s'éloigna de quelques pas.

Surprit par ce que proposait son ami Jim demeura un temps silencieux avant de se retourner vers Spock.
- ça me va... Si c'est plus simple pour toi...
Il n'était pas entièrement certain d'avoir comprit comment marchait une fusion mentale, mais s'il avait tout suivit, ça permettait de faire passer des idées d'un esprit à un autre non ? Spock serait peut être plus à l'aise ainsi, qu'en exprimant ce qu'il ressentait avec des mots.

Spock eut l'air gêné un instant, et son regard eut de nouveau cette impression de trouble.
- Ce que je voulais dire... reprit-il lentement, c'est qu'il y a des choses dont je ne pourrai jamais parler. Je ne pense pas qu'il soit judicieux que vous sachiez le fond de mes pensées, cela pourrait se révéler plus embêtant qu'autre chose. Du moins, tant que tout n'est pas clarifié. Peut-être que je pourrais vous en parler plus tard, quand je serais certain de moi. Et de ce que je ressens, pensa-t-il ensuite.

Kirk commençait à se sentir sérieusement confus par toute la conversation, tant par sa faute que par celle du vulcain. Il n'était pas certain de tout comprendre, mais son cerveau lui disait que pour aujourd'hui, il avait suffisamment joué aux énigmes.
- d'accord... de toute façon, je serais toujours disponible quand tu voudras en parler, ou me montrer.
Il ne pouvait s'empêcher d'être curieux quand à ce que son ami gardait pour lui, mais il patienterait, en espérant qu'il lui dise un jour. Pour le moment, il était temps pour lui de revenir à son poste avant que Sulu ne commence à le chercher partout. Il aurait déjà dû être de retour sur le pont.
- je crains qu'il nous faille repousser notre partie d'échec, le travail m'appelle ! Mais si tu es libre ce soir...?

- Ce serait avec plaisir, Capitaine, dit-il d'une voix posée. Si vous l'acceptez, j'aimerais que cela se passe ici. J'ai toujours un plateau de jeun à portée de main.
Il lui adressa ensuite un signe de tête respectueux, puis le laissa sortir, avant de retourner à ses occupations. Il lui restait encore un peu de temps avant de rejoindre la passerelle. Après quelques instants, il alla s'installer dans son fauteuil, saisit son luth et commença à jouer une mélodie vulcaine.

- ça me va Spock! Ce soir dans vos quartiers donc!
Jim avait noté sa propre glissade vers le tutoiement en demandant à son officier s'il était libre, et ne sachant pas trop si cela dérangeait ou non le vulcain, il préférait revenir au vouvoiement. Pour le moment du moins, mais il espérait bien qu'un jour, en dehors de leurs heures de travail, ils pourraient se tutoyer.
Il quitta les quartiers de son ami et rejoignit la passerelle à grands pas, partagé entre l'excitation d'approcher de leur mission, et la possible rencontre d'une nouvelle forme de vie, et un léger stress, lié à ses réactions personnelles vis-à-vis de Spock. Il n'arrivait pas à s'enlever de l'esprit toutes les émotions qui l'avaient traversées lors de leur conversation. Une vraie montagne russe, particulièrement désagréable il devait bien l'avouer. Il appréciait beaucoup la compagnie du vulcain, alors comment de simples conversations pouvaient le mettre dans de tels états ? Et surtout, cela allait il continuer ? Depuis quelques mois... à peu près depuis sa résurrection, il se sentait étrangement concerné par tout ce qui touchait son ami. Au début, il avait trouvé ça normal. Après tout, n'était il pas logique si un de ses amis allait mal, que cela influence son humeur et son moral ? Personne ne pouvait sauter de joie si à coté un ami avait des soucis.
Mais la, ça dépassait l'entendement. Il avait eu l'impression que son coeur se déchirait en deux quand Spock s'était subitement montré colérique envers lui. Et quand ils avaient parlés d'Uhura, et de la situation de leur couple, il s'était sentit sérieusement mal. en fait, il était presque heureux que la colère de Spock ai mit fin à la discussion. Il ne pensait pas qu'il aurait pu supporter dans parler plus longtemps.
Il ne savait pas quoi penser de tout ça, ni ce qu'il devait en déduire, et ça ne lui plaisait pas. Il voulait pouvoir continuer à être proche du vulcain, il voulait s'efforcer d'être son ami le plus... précieux ? Fidèle ? Il n'était pas certain du terme, mais une chose était sûre, il ne voulait pas le perdre.
Il entra dans le turbolift et monta jusqu'à la passerelle où il reprit son poste. Environ 3h plus tard, il rappela Spock sur la passerelle. Ils étaient arrivé dans la zone de recherche.